Les risques du dégriffage et le témoignage de deux chats

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Vision de Lynda

Enlever mes griffes? Pas question!

Le dégriffage est une pratique controversée et de plus en plus souvent interdite. Dans cet article, je vais d’abord aborder cette chirurgie et ses risques ainsi que ses conséquences possibles. Ensuite, je parlerai du rôle des griffes. Enfin, je raconterai l’expérience de deux chats dégriffés dont l’humain m’a consultée pour une communication animale.

 

Le dégriffage, une chirurgie archaïque

Le dégriffage des chats, appelé  onyxectomie  par les vétérinaires, est une chirurgie qui consiste à retirer complètement les griffes de chaque patte. Ce n’est pas comme si on vous taillait les ongles. C’est comme si on amputait la première phalange de chacun de vos doigts!

Il y a plus de 30 ans, lorsqu’on amenait notre chat chez le vétérinaire, il était courant qu’il nous demande si nous voulions le faire dégriffer. Il demandait alors : « les deux pattes avant ou les quatre pattes? » Si la stérilisation était planifiée, on avait coutume de faire dégriffer le chat en même temps, question d’anesthésier l’animal une seule fois.  Cette décision personnelle était souvent basée sur le désir de ne pas abîmer les meubles, les rideaux, les tables; de ne pas se faire griffer et de protéger nos enfants et nos autres animaux. Ces mêmes raisons expliquent pourquoi de nombreux chats se font encore amputer.

Heureusement, cette pratique archaïque est interdite dans une quarantaine de pays, plusieurs grandes villes américaines et la moitié des provinces canadiennes. Au Québec, cette chirurgie se pratique encore par certains vétérinaires, mais ils sont de plus en plus nombreux à refuser de l’effectuer. « On pense que notre responsabilité est de faire évoluer les mentalités pour que cette pratique s’arrête», affirme d’ailleurs la présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ).

Pourquoi le chat fait ses griffes?

Les chats se frottent les pattes sur le sol, sur les murs ou sur des objets. Il s’agit d’un comportement félin tout à fait naturel, de la même manière que les bras des humains se balancent quand ils marchent. Il est primordial de bien comprendre cela avant l’adoption d’un petit félin.

Le chat « fait ses griffes » principalement pour marquer son territoire. Des glandes sous ses pattes sécrètent des phéromones qui servent à communiquer avec les autres chats. Les chats ont besoin d’user leurs griffes et de les entretenir. Faire leurs griffes leur permet d’étirer leurs muscles et leur colonne vertébrale. Ils se détendent ainsi et l’humain aurait tout intérêt à les imiter. Ce sont des maîtres de la souplesse et de la relaxation!

Les griffes leur servent à chasser et à se défendre. Elles jouent un rôle dans le déplacement et l’équilibre. C’est la raison pour laquelle la démarche de nombreux chats dégriffés se modifie. Certains vont même boiter toute leur vie suite à cette opération!

Comme toute chirurgie, elle ne doit pas être prise à la légère et comporte des risques de complications. Cette pratique n’est pas nécessaire d’un point de vue médical. Elle a vu le jour et a été standardisée afin de répondre aux besoins des humains.

Parmi les problèmes physiques répandus suite à l’onyxectomie, nommons les douleurs fantômes, la boiterie chronique, des infections et hémorragies. Certains chats souffrent toute leur vie, suite au dégriffage. Les conséquences psychologiques et comportementales sont tout aussi lourdes : anxiété, agressions, morsures, malpropreté et isolement.

Selon des études, le tiers des chats dégriffés développent au moins un problème de comportement à la suite de la procédure, 15 % ont des problèmes de malpropreté (douleur dans la litière) et 18 % des chats mordent les humains plus fréquemment qu’avant d’avoir subi l’opération. Sans ses griffes, un chat perd son moyen de défense principal. La morsure est alors requise pour exprimer son mécontentement ou tenter d’éloigner les menaces, perçues ou réelles.

La parole à deux chats (via la communication animale)

Une cliente m’a consultée pour un problème d’agressivité chez son chat, un mâle adulte dégriffé à quatre ans par sa nouvelle famille d’adoption. Elle voulait s’en débarrasser après l’avoir fait dégriffer parce qu’il mordait des membres de sa famille.

Par télépathie, je demande au chat comment il se sent dans sa nouvelle famille. Il me répond qu’il ne va pas bien. Je vérifie ce qui se passe et il me fait ressentir la douleur de ses pattes avant. Il souffre vraiment. Chaque pas est difficile depuis la chirurgie. Il me demande : « pourquoi on m’a fait cela? Je n’ai rien fait de mal. Pourquoi on m’a puni comme ça? »

Je lui explique ce qui lui est arrivé ainsi que la raison de l’opération. Il est complètement anéanti.  « Mais comment peuvent-ils nous faire mal ainsi?  De quel droit m’ont-ils transformé? Je suis un chat, mes griffes sont importantes pour moi et font partie de ma physionomie ».

Il est profondément triste, mais surtout dans l’incompréhension du comportement humain.  « Est-ce qu’ils m’enlèveront une autre partie de moi si je ne réponds pas à leur critère de ce qui est acceptable dans leur vie? », me demande-t-il. Je transmets cela à ma cliente qui regrette amèrement l’intervention. Bien entendu, la famille a gardé ce chat et l’a traité aux petits oignons pour se faire pardonner.

Une autre cliente a fait appel à mon expertise en communication animale parce qu’elle s’inquiétait de la santé de son chaton de 4 mois, nouvellement stérilisé et dégriffé. Elle le trouve amorphe, complètement transformé dans sa personnalité.

J’entre en communication avec le petit être. Il est traumatisé par toute l’expérience. Il ressent beaucoup de douleur et est devenu incertain dans sa démarche. La peur l’habite, car il ne se sent plus comme avant. Je lui demande ce qu’il ressent. Il me répond : « je n’ai plus la même sensation dans mes pattes. J’ai peur de tomber quand je marche. Je ne veux plus sauter, car ça  fait mal ». Je lui explique la chirurgie qu’il a vécue et je lui dis qu’il s’adaptera à sa nouvelle réalité physique. 

Cette cliente ne m’ayant pas donné de nouvelles, je ne sais pas s’il s’est ajusté ou s’il a vécu avec de la douleur chronique comme tant de chats dégriffés. Ce que je sais, c’est qu’il existe bien d’autres moyens d’éviter les égratignures et les meubles abîmés que l’amputation. J’en parle d’ailleurs dans un autre article de ce blogue : « Sept conseils pour éviter les griffures de chat ».

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